Quelques enseignements après deux hackathons Open Data wallons

Quelques enseignements après deux hackathons Open Data wallons

Hackathons et co-création en Wallonie

La Wallonie s’intéresse depuis quelques années à l’mot 242. Les dispositions prévues dans le Master Plan TIC du programme Creative Wallonia semblent avoir accéléré les choses, avec notamment la mise en place par l’AdN du portail OpenData for Wallonia. L’organisation de deux hackathons (le premier en octobre 2013 et le second en avril 2014) a amorcé la création d’une communauté autour des données ouvertes.
Retour sur le déroulement de ces deux événements, auxquels le CETIC a participé.

Date: 21 avril 2014

A propos du projet: Living Lab 

Contexte wallon de l’Open Data

La situation de l’Open Data en Belgique dépend en partie de l’organisation politique du pays, découpée en trois étages. Les politiques en matière d’Open Data diffèrent donc fréquemment suivant le niveau de pouvoir, avec une importante autonomie des projets et, comme à Gent, un rôle pionnier joué par certaines initiatives.

L’intérêt pour l’Open Data en Wallonie est récent. La Wallonie a fait un premier pas en matière d’ouverture avec la Déclaration de politique régionale wallonne (2009-2014). Publiée en juillet 2009, cette dernière manifestait la volonté "d’inscrire la région wallonne dans la société de la connaissance et de l’information" (p. 119) et, pour ce faire, inscrivait l’engagement de "promouvoir l’utilisation des standards ouverts et des logiciels libres" (p. 120). Publié à la suite en juin 2011, le Master Plan TIC du programme Creative Wallonia "trace la route de la mutation numérique de la Wallonie à l’horizon 2025" (www.awt.be). Il fixe notamment comme objectif stratégique de "libérer les données publiques pour doper l’offre de services aux citoyens" (p. 77).

Un premier pas plus concret a été franchi en 2013 avec le lancement et l’alimentation du portail OpenData for Wallonia.

Premier hackathon Open Data de Namur

L’alimentation du portail OpenData for Wallonia a été stimulée par l’organisation du premier hackathon Open Data organisé en Wallonie le premier weekend du mois d’octobre 2013 à l’espace de co-working de Namur (siège du gouvernement et du parlement wallon). Le terme "hackathon" signifie "hacking marathon". Un hackathon est un événement où des personnes rassemblées par petits groupes participent à une activité de prototypage intensive pendant un temps limité.

Lancé grâce à l’énergie de Jean-Yves Huwart et Philippe Verstichel, ce premier hackathon Open Data s’est déroulé comme suit :

Préparatifs
Composition des équipes - Le vendredi après-midi a été dédié à la présentation des idées de projets, après une phase de dépôt et un ultime appel à candidatures, puis à la constitution des équipes, d’une taille de 4 à 8 personnes environ. Les équipes ont été créées au début de l’événement, de manière informelle, de façon à disposer de compétences complémentaires et à mélanger les personnes présentes.
Motivation - L’évènement se positionnait comme pionnier. Il permettait d’expérimenter un hackathon et d’explorer les données mises à disposition pour l’occasion.
Aspects pratiques
Durée - Le hackathon se déroulait du vendredi début d’après-midi au dimanche fin d’après-midi. Les personnes souhaitant dormir sur place pour travailler plus longuement avait la possibilité de le faire.
Support technique - Les organisateurs veillaient au bon déroulement de l’événement, et à aider pour les recherches d’outils et les éventuels problèmes avec les jeux de données. Des représentants d’organismes publics ayant mis à disposition des jeux de données étaient présents pour le lancement de l’événement.
Environnement de travail - L’événement s’est déroulé à l’espace de co-working de Namur, situé à proximité d’une gare importante.
Interaction entre les équipes - Les équipes travaillaient sur un plateau unique, au sein duquel des tables avaient été disposées.
Activité sociale et innovation
Idéation - Les interactions avec les fournisseurs de données ont été limitées.
Nature des idées - Les idées de projets provenaient souvent des participants. L’intérêt pour les applications liées à la mobilité était marqué (localisation de train, prédiction des retards sur les lignes de bus ou encore comparaison de moyens de transports).
Résultats - Sur sept projets, six ont débouché sur un prototype ou une maquette.
Démonstrations - Les sept équipes ont pu présenter les résultats atteints. Trois projets ont été primés (meilleur prototype, prototype exploitant le plus de sources, et meilleure idée). La remise des prix a été couverte par la presse (RTBF, Datanews, Regional IT,...).

L’organisation du hackathon de Namur a permis de stimuler et motiver les organismes publics et parapublics pour qu’ils publient une importante quantité de données diversifiées. Les jeux de données comprenaient des statistiques à propos de l’activité touristique, des statistiques de production d’énergie, des statistiques sur l’usage des TIC, des listes d’adresses, des données cartographiques comme des cartes ou des points d’intérêts, calendriers d’événements,... Des pistes pour améliorer la qualité des jeux de données ont en outre été identifiées par les participants ainsi que, au fil des échanges (via Twitter, les blogs,...) par les informaticiens publics.

Le processus du hackathon a permis le lancement de projets et d’équipes. Un premier projet (noselus.be) relatif à la transparence dans l’activité parlementaire, inspiré par une initiative française célèbre (nosdeputes.fr), devrait être prochainement officialisé. Son code source est publié sur GitHub : github.com/noselusbe. Un second projet (MobilIT), qui offre une comparaison entre modes de transports, poursuit son développement en passant d’un hackathon à un autre (Namur, puis Paris et Nantes). Un troisième projet a conduit à la création d’un groupe dédié à l’Open Data et au Dig Data.

Plusieurs questions doivent être traitées à la suite de ce premier hackathon, comme par exemple :

  • Quelle licence doit-on retenir pour couvrir les données publiques ? Ce point ne semble pas encore avoir été tranché, car de nombreux jeux de données apparaissent sans licence ou accompagnés par une clause Non-Commerciale.
  • Quelle est la capacité de ce type d’événement à faire émerger en local de futures applications, commerciales ou non, mais pérennes ? A défaut, l’émergence de nouveaux concepts d’application et la validation de certaines hypothèses techniques semble favorisées par ce type de contexte.

Un second hackathon, dédié à la mobilité, a été planifié à la suite pour le premier weekend d’avril 2014. Le thème retenu semble un choix logique, si l’on regarde le poids des projets dédiés à la mobilité lors du premier hackathon. Un effet d’entrainement sur les acteurs publics ou parapublics a pu être observé. Ainsi, la société de transport public TEC, après avoir menacé ProchainBus.be (service d’information alternatif pour accéder aux horaires des bus depuis un smartphone) d’une action en justice pour "vol de données", a ainsi prévu d’exploiter le second hackathon pour annoncer ses projets en matière d’open data (source : Datanews).

Second hackathon Open Data de Namur

Après le succès du premier hackathon, Entreprise Globale, en collaboration avec la Chaire eGov de l’Université de Namur, les TEC http://www.infotec.be/ et l’AWT, a donc réitéré l’initiative avec un second hackathon dédié à la mobilité.

Quatre projets ont été développés dans le contexte de ce second hackathon. Le projet "OpenHomeChooser" permet à l’utilisateur de visualiser les régions les plus desservies par les transports en commun. Le projet "Choix d’un parking de délestage" permet de développer une application qui, à partir d’une adresse donnée, oriente l’automobiliste vers le parking de délestage offrant les meilleures possibilités de connexion avec l’adresse référencée. Arduilo permet, à l’aide d’une plateforme Arduino temps réel équipée d’un GPS et d’une interface simple, de récolter des données sur la qualité des pistes cyclables et fournir à la commune des indications sur la sécurité. Le projet QuiAChargeDAme propose une application Web qui regroupe les données liées aux personnes à mobilité réduite et ayant pour but d’offrir une aide à ces personnes en cas de besoin (points de contact, parking, déplacement,...).

Préparatifs
Composition des équipes - Lors de cet hackathon, 12 idées ont été présentées. Les participants du hackathon ont ensuite été invités à voter pour 4 projets parmi les 12 présentés. A partir des 4 projets retenus, les participants du hackathon ont formé 4 équipes, coordonnées chacune par la personne qui avait proposé l’idée. Les équipes se sont créées d’une manière informelle en suivant la sensibilité de chacun face à l’idée du projet et face aux défis techniques que la réalisation impliquait.
Motivation - Après le succès du premier Hackathon eGov organisé, un Hackathon dédié à la mobilité a été organisé. De nombreux jeux de données ont été mis à disposition pour l’occasion (TEC, Geomatique, DGO1, DGO2, ProVelo, Ville de Namur, Tourisme, SNCB,...).
Aspects pratiques
Durée - L’hackathon se déroulait du vendredi fin de matinée au samedi soir.
Support technique - Les organisateurs ont veillé au bon déroulement de l’événement. Une forge GitHub (voir sur github.com/hackathonegovwallonia/) a été mise à disposition des participants pour favoriser le travail collaboratif. Les sources de données disponibles étaient préalablement connues des organisateurs.
Environnement de travail - L’événement s’est déroulé à l’espace co-working de Namur, facilement accessible en transports en commun.
Interaction entre les équipes - Les équipes ont travaillé sur un plateau unique, au sein duquel des tables avaient été disposées pour les équipes.
Activité sociale et innovation
Idéation - Par projet, les idées ont été échangées essentiellement entre les développeurs du prototype. Toutefois de nouvelles idées ont émergé lors de discussions concernant les jeux de données disponibles avec des membres d’autres équipes et les organisateurs de l’évènement. Les interactions avec les fournisseurs de données ont été limitées.
Nature des idées - La plupart des idées venaient des participants. Les jeux de données les plus sollicités ont été les données TEC (lignes de bus, arrêts). Les interactions avec Google Map et OpenStreetMap ont été également fort sollicitées. Le développement sous Android a été abordé.
Résultats - Sur les 4 projets sélectionnés, il y a eu 4 prototypes. Certains projets ont été plus aboutis que d’autres vu que la répartition des participants sur les 4 projets n’était pas homogène.
Démonstrations - Les 4 équipes ont présenté les résultats atteints. Les présentations se sont déroulées sous la forme de démonstrations en live, avec présentation des résultats /données obtenu(e)s et sous forme de vidéos. Deux projets ont été primés (meilleur prototype et meilleure idée).

Comme nous pouvons le voir, on ne change pas une formule qui fonctionne, et ce second hackathon a globalement conservé le format de la première édition. On notera la création d’un dépôt GitHub pour l’ensemble des projets, qui permettra, peut-être, de maintenir une activité de collaboration autour des projets présentés.

Dans le domaine des choses améliorables, on notera la faible intensité des interactions directes, pendant le hackathon, entre les fournisseurs de données et les développeurs. De tels échanges permettraient pourtant d’améliorer la qualité, l’utilisabilité et l’attractivité des jeux de données et des services en ligne mis à disposition par les organismes partenaires.

Prochaines éditions

Deux hackathons supplémentaires sont d’ores et déjà prévus (les dates n’ont pas encore été fixées). Le premier sera dédié à l’énergie, le second aux pouvoirs locaux.

A lire égalament : Premier Hackathon eGov Wallonia : Le CETIC était de la partie.