Une approche Living Lab pour la gestion durable des forêts

Une approche Living Lab pour la gestion durable des forêts

Les humains et les forêts partagent une histoire commune de longue date, largement motivée, du côté humain, par l’économie. La conséquence est une dégradation toujours croissante, malgré les progrès de la science forestière et la sensibilisation du public. Nous avons adopté une approche « living lab » pour accompagner l’évolution de la forêt de la Grande Région. L’objectif était de rétablir un équilibre plus durable entre les différentes fonctions forestières, en partie en adoptant une approche de gestion à usages multiples.

Date: 25 mars 2020

Expertises:

Co-création pour le numérique 

Domaine: CleanTech 

Les forêts sont une ressource clé pour l’humanité, mais dans de nombreuses régions, elles subissent un stress et une dégradation croissants par la déforestation, la surexploitation et l’abandon. Ces problèmes existent depuis longtemps [1], mais ils s’aggravent encore, exacerbés par les événements liés au changement climatique, tels que l’augmentation de la fréquence des incendies et des tempêtes et la propagation d’agents pathogènes.

L’augmentation récente des préoccupations du public à l’égard de l’environnement est un catalyseur pour repenser notre relation avec la forêt, en utilisant une approche interdisciplinaire impliquant non seulement des professionnels mais aussi des citoyens, des organismes d’État et des instituts de recherche. Des méthodes et des outils numériques co-innovants pour de tels processus créatifs centrés sur l’utilisateur ont récemment été développés, par exemple le coworking, les incubateurs, les pôles créatifs, les fab labs et les living labs. Le laboratoire vivant se caractérise par un écosystème d’innovation ouverte, généralement axé sur un domaine spécifique ; dans notre cas, la foresterie. Il intègre des processus de recherche et d’innovation simultanés au sein d’un partenariat public-privé. Il fournit également un environnement expérientiel où les utilisateurs sélectionnés sont plongés dans la conception et l’expérience de leur propre avenir [2].

Notre laboratoire vivant est ancré dans la forêt de la Grande Région, couvrant 2375 000 ha dans quatre pays (Luxembourg, Belgique, France et Allemagne). Une grande partie (plus de 40%) de cette forêt est propriété privée et mal entretenue, retournant ainsi à l’état sauvage avec des impacts positifs (biodiversité) et négatifs (propagation de maladies, risque d’incendie). La biodiversité est également affectée par les monocultures d’espèces non endémiques comme l’épicéa qui dominent certaines parties de la forêt. Pour relever ces défis, le living lab a exploré toutes les dimensions de la durabilité, c’est-à-dire environnementale, sociale et économique, avec différentes parties prenantes et à travers deux projets complémentaires : Agreta (axé sur le tourisme) et RegioWoodII (axé sur la surveillance des forêts et leur gestion). Les scénarios et activités clés illustrant ces dimensions sont illustrés à la figure 1 ci-dessous.

Figure 1 : Différents moyens pour une forêt durable

Un point clé est d’éviter de restreindre une zone à usage unique en rapport avec le but d’un intervenant spécifique, mais de la garder ouverte à plusieurs objectifs / utilisations / fins, par exemple, la production de bois, la qualité de l’eau, la faune, les loisirs, l’esthétique et la qualité de l’air (voir cet article de Steven Nix sur l’importance de la gestion multi-usage). Une telle approche multi-usages n’est pas nouvelle mais a été déployée à travers un laboratoire vivant basé sur l’expérience méthodologique combinée de deux centres de recherche wallons respectivement spécialisés dans les technologies de l’information et la foresterie. Les points forts et différenciateurs de notre approche sont :

  • Des activités d’atelier pour rassembler des personnes d’horizons différents et identifier des scénarios d’utilisation mutuellement enrichissants.
  • Identification et raisonnement multi-objectifs utilisant différentes techniques telles que la pensée systémique. Cette approche peut aider à identifier les synergies et les obstacles, ou les boucles de rétroaction positives et négatives, liées aux objectifs des différentes parties prenantes.
  • Rétroaction technique rapide sur les outils existants et les contraintes connexes, les problèmes clés et les facteurs de succès (par exemple, les outils de surveillance, les outils de suivi, les canaux d’information).
  • Mise en place facile d’expériences impliquant différents types de participants dans des scénarios spécifiques ou mixtes.

À titre d’exemple, des ateliers participatifs et des outils en ligne soutenant la prise de décision collaborative peuvent aider à déterminer comment les fonctions combinées de surveillance et de loisirs de la forêt pourraient fonctionner ensemble. D’un point de vue technique, des informations utiles sont fournies par divers outils SIG tels que WalOnMap. Cela nous aide à évaluer le potentiel d’une zone donnée d’évoluer vers une gestion plus intégrée et polyvalente en combinant la biodiversité, des caractéristiques remarquables (par exemple, les paysages, les rochers, les voies navigables) et l’infrastructure de chemin / route.

Cette approche est appliquée avec succès par l’équipe COMET du CETIC dans plusieurs autres contextes afin de mobiliser un écosystème autour d’une thématique (ex. mobilité, industrie créative, villes intelligentes). N’hésitez pas à nous contacter si vous désirez bénéficier d’un accompagnement sur base de ce type d’outil aidant à la co-création et à la co-innovation !

Pour en savoir plus sur la démarche Living Lab, n’hésitez pas à parcourir Création & accompagnement de living labs en Wallonie - Synthèse méthodologique ou encore Il était une fois les Living Labs wallons - Retour d’expérience des premiers Living Labs wallons.

[1Ciancio, O. and Nocentini, S. The forest and man : The evolution of forestry thought from modern humanism to the culture of complexity, Acad. Ital. Science Forestali, 1997

[2A. Kusiak, Innovation : The Living Laboratory Perspective, CAD & Applications, vol. 4, n°6, 2007