Comment co-créer de nouvelles sources de valeurs au travers de nouveaux systèmes d’innovation où les utilisateurs ne sont plus de simples consommateurs mais deviennent co-concepteurs ? Voici un aperçu de ces nouveaux systèmes de Hub créatif, Living Lab et Fab Lab.
Date: 23 mars 2015
A propos du projet: Living Lab ⊕
L’OCDE présente la créativité comme un puissant facteur de développement. La convergence entre créativité, culture, économie et technologie, qui se traduit par la capacité de créer et de faire circuler un capital intellectuel, est potentiellement un moyen de générer des revenus, des emplois et des recettes, tout en favorisant l’inclusion sociale, la diversité culturelle et le développement humain. C’est ce que l’économie créative a déjà commencé à faire avec un un modèle où la créativité et la transdisciplinarité sont encouragées à tous les niveaux de la conception, du développement, de l’industrialisation et de la distribution des produits ou services. Elle recommande le croisement des influences, la combinaison des savoirs, les interactions avec tous les membres de l’entreprise, leurs partenaires et les futurs utilisateurs des produits ou services visés.
L’économie créative suscite dès lors la co-création de nouvelles sources de valeurs au travers de nouveaux systèmes d’innovation, comme les Hubs créatifs, Living Labs et Fab Labs décrits ci-dessous, où les utilisateurs ne sont plus de simples consommateurs mais deviennent co-concepteurs.
Afin d’engager la Wallonie sur la voie de l’économie créative, le Gouvernement wallon a adopté en 2010 le programme Creative Wallonia, différentes mesures articulées autour de trois axes : la promotion de la société créative en ciblant l’éducation, la promotion des pratiques créatives auprès des entrepreneurs, le soutien à la production créative. Le décloisonnement, la mise en valeur de l’innovation et de la créativité sont des éléments clés du programme Creative Wallonia. Pour intensifier la logique de Creative Wallonia, le Gouvernement a encouragé la mise en place de 7 Hubs créatifs, avec l’objectif de renforcer les interconnexions entre les actions et de passer d’un maillage d’actions ponctuelles à une logique de réseau couvrant l’ensemble du territoire wallon.
Depuis janvier 2013, le CETIC contribue au programme Creative Wallonia qui vise à créer de nouvelles sources de valeurs au travers de systèmes d’innovation ouverte où les utilisateurs ne sont plus de simples consommateurs mais deviennent co-concepteurs.
Dans ce cadre, le CETIC coordonne le déploiement de deux projets pilotes de Living Lab en Wallonie, et contribue au développement du Hub créatif de Charleroi.
Les Livings Labs se positionnent comme un espace et un modèle organisationnel pour l’innovation conduite par les utilisateurs ("user-driven innovation") ou les communautés d’utilisateurs ("user-driven community"). Ils rassemblent des créateurs de concepts innovants et à la pointe de la technologie, des entreprises (TGE, PME, TPE) et des utilisateurs (consommateurs), sous la coordination de facilitateurs d’horizons variés. Les entreprises ont l’opportunité d’intégrer les technologies partagées et peuvent aussi exploiter leurs propres technologies, en vue de tester la réaction des utilisateurs face à de nouveaux produits ou services (principe du "try it, fix it"). Le profil des utilisateurs peut varier suivant les attentes.
Les deux projets pilotes de Living Lab by Creative Wallonia, coordonnés par le CETIC, sont le Wallonia eHealth Living Lab (WELL), en matière d’eSanté, déployé par un consortium de partenaires menés par WSL ; et le Smart Gastronomy Lab (SGL), en matière d’alimentation, déployé par un consortium de partenaires menés par Gembloux Agro-Bio Tech (Université de Liège).
Ces projets pilotes de Living Lab entendent innover dans leur méthodologie de développement en incluant de nouvelles pratiques issues de l’économie créative, de la mouvance des Fab Labs et des espaces de coworking.
Le processus novateur de conception et de déploiement du Living Lab wallon sera en tous les cas un modèle d’implication de l’utilisateur dans les processus d’idéation et de mise sur le marché de produits innovants approuvés en amont, et ce dans des perspectives tant de croissance économique que de création de valeur sociale et de transfert de connaissance. Enfin, un modèle économique de type Partenariat Public-Privé sera étudié et mis en place afin d’assurer la pérennité des Living Labs wallons.
Les Hubs créatifs sont des plateformes d’organisation centrées sur la transformation de l’économie traditionnelle en économie créative à travers la mise en capacité des acteurs en favorisant l’innovation ouverte, l’hybridation transdisciplinaire et l’intelligence collaborative. Le développement de ces Hubs créatifs dans les centres urbains des principales villes wallonnes, y compris certaines zones semi-rurales, vise à mettre en place les conditions favorables à l’innovation : l’échange, l’expérimentation, le partage d’expériences et l’association de personnes diverses réunies sur la base d’une communauté d’intérêts obéissant avant tout à une logique de réseau. Les Hubs créatifs wallons vont rassembler des initiatives comme celles des Living Lab et Fab Lab.
Le CETIC est partenaire du Hub-C, le hub créatif de la région Charleroi-Sud Hainaut, lancé le 19 mars 2015.
Un Fab Lab, dont le nom trouve son origine dans la contraction de « Fabrication Laboratory », est un atelier de fabrication lancé au début des années 90 par le Media Lab du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Il s’agit d’un laboratoire ouvert de fabrication d’à peu près n’importe quel objet. Puissant outil de développement de la créativité, encore peu connu du grand public, le Fab Lab intéresse les bricoleurs, les designers, les ingénieurs, les informaticiens, les hackers, les électroniciens, les roboticiens amateurs, les artistes, et tant d’autres personnes qui cherchent à réaliser des projets par eux-mêmes ou en collaboration avec d’autres et qui ne peuvent les réaliser chez eux ou sur leur lieu de travail. Avec l’aide d’un instructeur, appelé « Fab Lab Manager », l’utilisateur prend les commandes de machines spécifiques (imprimante 3D, découpeuse laser, etc.) ou d’outils de bricolage plus traditionnels (fraiseuse, visseuse, foreuse, marteau, etc.) pour réparer un objet, en fabriquer un soi-même, pour réaliser le prototype d’une nouvelle machine ou encore dresser rapidement la maquette d’une future construction. En parallèle, d’autres espaces de fabrication numérique ont vu le jour, parfois avec une approche plus commerciale (production de prototype à des fins de test ou de diffusion en petites séries, reproduction 3D, aide à la conception de prototypes,...). Ces pratiques sont aujourd’hui stimulées par le développement de l’open source hardware. Ce dernier se traduit par la disponibilité de "codes" à réutiliser et par le développement de pratiques collaboratives pour la conception de biens manufacturés.