Les start-ups IT émergent généralement de projets innovants. Les dimensions de qualité ne sont clairement pas prioritaires à ce stade et leur prise en compte est souvent dépendante de la sensibilisation des chercheurs impliqués. Le déficit de qualité, aussi nommé Dette Technique, se révèle généralement lors de la transition vers l’exploitation industrielle. Dans cet article, nous présentons les observations collectées sur plusieurs start-ups suivies par le CETIC et émettons quelques recommandations relativement aux stratégies adaptées.
Le concept de Dette Technique est l’application du concept financier de dette au développement logiciel. Il s’agit donc d’un coût à intérêts croissants, qui se contracte lors de la prise de décision ayant un impact sur la qualité du logiciel. A l’instar du concept financier, le fait de contracter la dette est un bol d’air à court terme, mais à long terme, la dette devient un frein aux développements. Contrairement à une dette financière, personne ne vous rappelle qu’il faut la rembourser...et sans gestion, elle peut donc engendrer un coût très important rapidement.
La cible de notre étude comprend des sociétés start-ups dans le secteur de l’IT. Ces sociétés présentent souvent des signes de faiblesse au niveau de la maturité dans le domaine de développement et d’évolution des applications logicielles. De plus, leurs survies se basent souvent sur la réussite d’un produit logiciel. L’impact de la qualité de ce produit est donc très important et ce, même à court terme.
Les analyses réalisées sur ces start-ups ont pour but d’aider directement les start-ups ou de les aider indirectement en support des incubateurs technologiques.
En plus de l’assurance du suivi de l’innovation et de la validation du modèle d’affaire, les incubateurs prêtent de plus en plus attention à la qualité des solutions applicatives et leurs développements :
Sans les mesures de qualité, il est impossible pour les investisseurs de gérer cet aspect d’évolution future et d’anticiper les coûts de développement et de maintenance à venir. En effet, de par leur nature, les investisseurs ne disposent pas de l’expertise permettant d’évaluer la qualité logicielle. Par conséquent, ils doivent faire appel à une expertise externe qui a :
Pour l’analyse de la qualité, nous avons développé une approche spécifique d’évaluation – faisant elle-même partie d’une approche plus large de suivi par les incubateurs – qui a pour but de fournir des moyens de contrôle de risques adéquats et favoriser le développement des start-ups. Cette approche combine des aspects de la qualité des produits et des processus :
Nous avons appliqué l’approche décrite ci-dessus sur un échantillon de 14 start-ups wallonnes actives dans des domaines variés allant de la Logistique à l’eSanté, et en passant par l’Énergie. La durée typique du sondage est de 5 jours comprenant le contact, l’interview d’évaluation des processus, la collecte du code source et son analyse, la rédaction du rapport (y compris les recommandations), ainsi que le débriefing final avec un plan d’action.
La table suivante présente les résultats obtenus.
Sur base de ces résultats, nous pouvons émettre les observations suivantes :
Notre expérience avec les start-ups a montré qu’elles étaient très réceptives sur les retours que nous avons pu fournir et ont réagi très vite en mettant en œuvre des actions d’amélioration pour sécuriser le futur de leurs projets.
Certains de ces retours peuvent sembler n’avoir que peu d’intérêt pour un professionnel IT, mais sont extrêmement utiles pour les sociétés qui ne disposent pas d’un profil IT dans leurs équipes. De plus, les start-ups sont souvent composées des personnes extrêmement motivées formant une équipe à forte cohésion ce qui est un terrain idéal pour le renforcement de l’approche qualité. L’approche qualité renforce à son tour l’évolution de leurs produits et processus logiciels.
Pour plus de détails sur cette étude, consultez cet article présenté à la conférence ICSSEA. N’hésitez pas à contactez les auteurs repris sur le bandeau de gauche si vous désirez en savoir plus.
Nous tenons à remercier les différentes implantations de l’incubateur WSL@Liege/Mons/Louvain-la-Neuve pour notre collaboration longue et fructueuse ainsi que leur permission d’exploiter les données acquises au fil des années.