La forte intégration des circuits FPGA (Field Programmable Gate Array) offre aux développeurs une multitude de ressources pour y implanter des fonctions de plus en plus complexes. Celles-ci sont développées à l’aide d’un langage de description matériel, pour être mises en œuvre dans le circuit électronique. Ainsi des sociétés conçoivent des composants génériques prêts à être intégrés. Il s’agit généralement de blocs fonctionnels complexes dont le prix peut être élevé. Pour l’équipe R&D qui a recours à cette solution il est indispensable d’avoir le maximum de garanties.
La société qui fournit le bloc fonctionnel à l’équipe R&D garde la propriété intellectuelle de celui-ci. Le composant, ou plutôt IP Core (Intellectual Property) est soumis à une licence à laquelle le client souscrit. Une IP peut être livrée avec différents niveaux de confidentialité, chacun en fonction du prix.
La multitude d’IP proposée par les fournisseurs offre au client la possibilité de pouvoir sélectionner avec précision le composant qui lui convient. Par exemple des fonctions telles qu’une pile TCP/IP, un encoder JPEG sont disponibles sur le marché. Le recours à l’utilisation de blocs IP prêts à l’utilisation ou à l’intégration apparaît donc comme une approche incontournable dans les projets de conception de circuits électroniques complexes. En effet, cela est susceptible de réduire significativement les délais de mise sur le marché toujours plus pressants (le fameux time-to-market) et de palier aux expertises techniques manquantes pour un projet. Toutefois, la sélection adéquate d’une IP est capitale pour, au moins, deux raisons :
Sur ce dernier point, il est indispensable à l’équipe R&D de disposer d’une IP fiable c’est-à-dire d’avoir des garanties sur la méthodologie de conception et le support du fournisseur ainsi que la pérennité du composant.
Entre les fournisseurs d’IP d’un côté et les équipes de développement de l’autre, il est impératif que la communication des informations soit effectuée sans ambiguïté. Face à la complexité croissante, depuis plusieurs années, des systèmes intégrés dans les circuits électroniques, il a fallu mettre en place une standardisation des méthodologies de conception. Cette harmonisation a vu le jour avec la création du consortium VSIA (Virtual Socket Interface Alliance) composé d’industriels du SoC fondé en 1996. L’objectif était d’améliorer la productivité des concepteurs de SoC en définissant entre autres les règles de développement, d’intégration et de réutilisation des IP. VSIA a été dissout en 2008 mais ses travaux sont aujourd’hui repris par les industriels. Les groupes de travail de VSIA ont défini des spécifications sur les informations livrables, les nivaux de protection des IP et une méthode d’évaluation de la qualité. Avec le coût, ce dernier point constitue le critère de sélection décisif lorsque plusieurs IPs répondent aux exigences fonctionnelles du client. La méthode est basée sur une liste de questions auxquelles répondent le client et le fournisseur, et à partir de laquelle un score est attribué. Elle permet aussi dans un premier temps d’établir une collaboration étroite entre le client et le fournisseur, ce qui facilite la mise en œuvre de modifications parfois nécessaires. Cette méthode, baptisée "QIP Metric" est publique comme tous les autres travaux de VSI Alliance. Elle est largement adoptée dans l’industrie des IP comme en témoignent les nombreux articles de presses sur Internet.
Les différents domaines dans lesquels ces questions sont réparties mettent en avant un aspect tri dimensionnel de la qualité d’une IP. Il s’agit de prendre en compte les aspects suivants :
Un niveau de priorité est affecté à chaque question pour le calcul du score d’évaluation. Ce niveau est caractérisé par une des trois valeur suivantes :
Lors de notre dernier développement FPGA où il était question d’évaluer l’intégration d’une IP (moteur d’accélération hardware pour pile TCP/IP), l’usage de la "QIP Metric", bien que partiel, nous a apporté un support pertinent dans l’évaluation de la qualité des IP candidates. Notre besoin plus orienté vers la maturité que la facilité de réutilisation impliquait une confiance élevée envers le vendeur. Durant la phase d’intégration, pendant laquelle le support du vendeur est indispensable, les questions relatives à la facilité d’intégration ont servi de base commune aux échanges.
Enfin, cette méthode est en adéquation parfaite avec la politique de qualité développée et mise en œuvre par le CETIC.
Gérard FLORENCE